Des regrets, des remords, j'en ai un tas... Mais s'il y en a bien un auquel je ne me ferai jamais, c'est d'avoir perdu le seul frère que j'ai jamais eu. Il n'y a plus grand chose que je veux garder de mon enfance. Je n'ai pas d'amis de longue date, j'ai détesté mon collège et mon lycée ne m'a apporté que des désillusions. Je n'aurais pas dû passer mes 20 premières années à vouloir plaire à mon père, j'aurais dû te laisser m'emmener dans ton monde. Tu es la seule personne que je ne regrette pas d'avoir connue dans la ville de mon enfance. Tu es devenu une partie de moi même, peut être une des seules que j'arrive à ne pas détester. Si on avait été dans un film et que les choses n'étaient pas si absurdes, on aurait dû être comme frère et soeur. Mais j'étais trop... nulle... En retard, je ne comprenais rien, je ne savais pas que je me détruisais dans le reste de ma vie. Un jour tu as déménagé et je ne t'ai plus revu. Après 15 ans. Et ça fait 10 ans que je meurs... si seulement tu m'avais emmené... vous auriez pas pu m'adopter ?
Maintenant, je te suis de loin... Je sais à peu près ce que tu deviens mais je ne sais absolument pas ce que tu ressens, ce que tu penses, ce que tu as vécu qui est sans doute incomparable à ce que j'ai vécu. Tu as l'air d'avoir une vie dont beaucoup rêveraient, de suivre la voie que tu voulais suivre quand je te connaissais. Moi actuellement ça ne va pas fort du tout. Je réalise beaucoup trop de choses sur moi même et j'ai beau me bouger pour essayer d'avoir une vie normale, un job, un copain, des amis, des trucs pas trop chiant à faire, je me sens tellement tellement mal parfois. Je me déteste toujours, j'ai toujours tant de rage en moi et je n'arrive pas à voir comment m'en sortir. Je me sens vide.
Est ce que je serais moins vide si tu étais là ?
Je pense parfois à te contacter mais j'ai peur. Je sais au fond de moi que si je te voyais comme mon frère, unique, irremplaçable, le mec le plus cool de la Terre, toi tu me voyais comme la fille de mon père, une copine de plus, une intello qui n'était pas de ton monde. Tu ne te confiais pas, tu me mentais si tu avais peur que je caftes... même si jamais je n'aurais fait ça... tu ne me connaissais pas tant que ça.
Alors te recontacter et risquer de recevoir ton indifférence ou ton dédain... Ou te recontacter et ne pas être capable de te ramener à moi parce que je ne suis plus que l'ombre de moi même... Je ne suis pas capable de faire du bien aux gens ces temps ci, je ne suis qu'une malédiction... 
Des fois je me dis qu'un jour, tu te souviendras de moi. Tu penseras au passé et tu te demanderas où je suis en ce moment et ce que je fais. C'est un joli espoir qui rend ton absence plus supportable.
Mais te perdre à jamais... j'aurais l'impression de mourir, tuer à jamais l'enfant qui reste en moi. Le dernier de mes jolis souvenirs d'enfance. Je ne peux pas...