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 L'autre soir, je demandais à un ami pourquoi sa petite amie, qui avait tout pour elle en apparence (en tout cas de mon point de vue), était si mystérieuse. En effet, après avoir passé un peu de temps avec elle, j'avais beaucoup de mal à établir le dialogue. Il m'a alors dit qu'elle était juste extrêmement timide à cause d'années de moqueries au collège. Et là je comprends.
En ce qui me concerne, je crois que l'un des plus heureux moments de ma vie était le dernier jour de mon année de troisième... Quand je me rappelle de ces années là et surtout de cette dernière année, j'ai l'impression que cela s'apparente à une prison ou même à une dimension infernale... Un endroit où la souffrance est omniprésente et où la seule façon de s'en sortir à peu près bien, en apparence tout du moins, est de se recroqueviller à l'intérieur de soi. En tout cas c'est ce que j'ai fait et c'est comme ça que je m'en suis sortie. Ou que j'ai cru m'en sortir parce que finalement, mes peurs, mes angoisses, ma mauvaise estime de moi, ma frustration, la rage même qui est en moi, tout ça ne serait peut être pas là si je n'avais pas vécu ces années. Il y a eu les moqueries assez peu originales sur mon physique, mes vêtements, et ma tête d'intello... Rien que ça, passer tous les jours les portes du collège et devoir supporter les rires des gamins qui te pointent du doigt et te font avoir honte d'être dans ton corps... rien que ça, ça peut juste vous traumatiser à vie. Et les réponses des adultes du genre "ignore les"... : mais comment peuvent ils croire que ça peut marcher ?!? Je me sens juste nulle et frustrée maintenant !
Et comme si ça ne suffisait pas, j'ai perdu les premières vraies amies que j'avais. C'était en troisième, j'avais deux amies de qui j'étais vraiment proche, surtout l'une d'entre elle, j'allais chez elle, elle venait chez moi, on se confiait tout. Et puis un jour, j'avais déconné et réagi un peu violemment alors qu'elles se moquaient de moi et du coup elles avaient commencé à me faire la gueule. Moi je regrettai déjà de m'être emportée mais elles semblaient déjà vouloir m'oublier. J'avais passé la journée à pleurer et le soir elles semblèrent revenir vers moi. Mais dans l'intervalle de temps où nous n'avions pas été ensemble, elles avaient goûté aux autres, ces gens normaux, qui savent comment se comporter, s'habiller, de quoi parler pour être cool, drôle, etc... Elles avaient la possibilité d'être populaire... Alors entre ça et l'amitié, le choix était vite fait... Et c'est quelque chose que je peux comprendre finalement, de vouloir être accepté dans un groupe, ne pas se sentir seule, se sentir valorisé par les autres... Peut être en aurais je fait de même à leur place ? Mais bon je n'ai pas été à leur place. Quelque temps après elles m'ont définitivement lâchée. Mais ça ne leur a pas suffit. Elles avaient besoin de se venger aussi. Peut être avais je vraiment fait quelque chose d'irréparable mais je n'arrive pas à savoir quoi... Elles m'insultaient, racontaient ce que je leur avais confié au reste du monde, allaient jusqu'à venir me narguer dans la cour de récré alors que j'essayais juste d'être invisible et d'attendre que ça passe. J'en pleurais souvent, je voulais que ça s'arrête, je voulais être ailleurs, dans un autre corps, dans un autre univers. Je me détestais, je m'excusais auprès de tous mes voisins de classe d'exister parce que je savais que personne ne voulait être à côté de moi (enfin en tout cas j'en étais persuadée). Une des phrases qui resteront gravées en moi : " de toute façon, on t'a jamais aimé". 
Par ailleurs, je dois dire que cette période m'aura aussi réveillée... Avant j'étais assez déconnectée, presque autiste, et pas vraiment consciente de l'image que je renvoyais. Après, je n'en étais que trop consciente et je la détestais. C'est comme réveiller quelqu'un qui dort avec de l'eau bouillante, c'est peut être efficace mais ça laisse des traces... Mes profs le voyaient bien, pour certains d'entre eux en parlaient à mes parents qui finalement n'ont rien fait et avec le recul, j'ai vraiment l'impression qu'on abandonne des enfants seuls devant toute cette souffrance. Mais quand est ce que les gens en prendront ils vraiment conscience, au lieu de dire "ce ne sont que des histoires d'ados, rien de bien grave" ? Tss, encore des gens qui me font enrager. Parce que moi en attendant, je dois vivre avec tout ce que ça a créé en moi, et ce tous les jours... Il y a des gens qui ont vécu bien pire que ça, j'en suis consciente mais ça ne change rien pour moi ... Il ne faut jamais sous estimer la douleur qu'on peut ressentir à cet âge ainsi que ses conséquences.