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Pourquoi pas moi ?

Mercredi 8 février 2012 à 22:05

 Un fantasme pathétique qui tourne en boucle dans mon pauvre cerveau dérangé : 
“P. était parti en voyage depuis 2 mois, on avait plus ou moins décidé de faire une pause. J’étais suivie par un psy, je ne me sentais pas spécialement mieux mais je préférais que P. ne le sache pas. Et je voulais avoir cette soirée que je m’étais promise il y a si longtemps. 
J’avais acheté un nouveau cutter et pris la bouteille de vodka qui trainait dans le bureau, au travail. Il était 22h, je m’allongeais dans le canapé du salon. Une bonne soirée en perspective. Ca faisait tellement longtemps que j’attendais ça. Je l’avais imaginé tant de fois... Je commençais à boire un peu. Il ne fallait pas trop que j’en abuse non plus sinon je ne serais plus capable de faire la suite. Je pris le cutter, le regardais longuement, je coupais une première fois mon bras, côté vierge... Un tout petit peu pour commencer. C’était beau de voir le sang apparaître et si bon de sentir ça. Alors je coupais plus, bientôt je ne sentais plus rien, je ne pouvais plus m’arrêter, mon bras était rouge, ça commençait à couler, c’était tellement bien... Je buvais, je coupais... Je perdais le sens de la réalité. Je tombais par terre, il y avait du sang sur ma chemise et par terre. Bientôt je m’endormais dans un état de torpeur... 
Le lendemain matin, je fus réveillée par l’interphone qui sonnait. Je cherchais mon portable, il était 11h. Vu la tête que je faisais ces temps ci au boulot, je suspectais certains de s’inquiéter. Je me relevais difficilement, encore groguy et mis une serviette rapidement pour couvrir le sang par terre. Je remontais mes manches et tentais d’avoir l’air présentable quand la sonette retentit. J’étais tétanisée. J’entendis la voix de J. derrière la porte “ D. ? Tu es là ?”. Il fallait que je réponde, j’essayais de me donner une contenance mais c’était tellement difficile après la nuit que j’avais passé... J'allai finalement ouvrir la porte. 
Il était là, d’abord soulagé que je réponde. Puis il me scruta du regard pour tenter de voir dans quel état j’étais. “Ca va D. ? Je m’inquiétais, tu as pas prévenu... ?!?” Je regardais ailleurs, son regard était trop insoutenable “ça va.. je me suis juste pas réveillée ce matin”... Il vit mon air perturbé et s’avança vers moi pour mieux me sonder. “Tu as pas l’air bien, tu es sûre que...” il s’arrêta tout à coup. “Tu... tu sens l’alcool non ?”. Je n’avais en effet pas l’habitude de cacher ça, les coupures, ça ne sent pas... enfin pas après. “Je...” je le regardais alors avec un air complètement perdue, je ne savais plus quoi faire... Il rentrait chez moi d’un coup, l’air de chercher un indice, quelque chose. Il vit tout de suite la bouteille de vodka que je n’avais encore pas pensé à cacher. Quand il se baissa pour la prendre, il bougea la serviette ce qui révéla alors ce que je voulais à tout prix cacher, ce que jusque là personne n'avait encore jamais découvert contre mon gré. Il était immobile en regardant le sang par terre, complétement ébahi, il ne comprenait pas. Après une éternité, il me regarda, je fis un pas en arrière, j’essayai de le regarder dans les yeux mais je me sentais tellement pitoyable que vite je détournai le regard, encore. “Mais.. qu’est ce que … “. Il regarda encore par terre, vit le cutter cette fois, le ramassa, vit le sang sur la lame. Puis tout d’un coup il fondit sur moi “où est ce que …. ?!?” et remonta mes manches pour voir mes poignets. Il vit alors les dizaines de nouvelles cicatrices qui ornaient mes bras. “Oh mon Dieu”. Il comprit néanmoins que je n’avais pas besoin de soins immédiats, je sentis un peu de tension redescendre mais il nageait dans l’incompréhension la plus totale. Après une deuxième éternité, il fit une chose tout à fait inattendue mais si longtemps rêvée, il me prit dans ses bras. Et là toutes mes barrières intérieures commencèrent à céder, une à une. Enfin. Enfin je pouvais lâcher prise. Je commençai alors à pleurer. Bientôt je ne pouvai plus m’arrêter et je n’avais tellement plus de forces que mes jambes ne me soutenaient plus, je glissais à terre, il me serrait toujours. Quelque part entre la honte, la douleur et la colère, je me sentais bien. Enfin on m’avait rattrappé. Enfin on prenait soin de moi comme on aurait du le faire avant. Je m’aggripais à lui comme à une bouée de sauvetage. Entre mes sanglots bruyants, je l’entendais me dire “Chut”, “ça va aller”. Il ne me lâchait pas. Je me haïssais, je me considérais comme la dernière personne sur Terre méritant de l’attention mais il ne me lâchait pas."

J'ai tellement envie qu'il m'aide, tellement envie qu'il me rattrape, tellement envie qu'il me sauve, qu'il prenne soin de moi. Tellement envie d'avoir 6 ans et qu'il soit mon père. D'être sa petite fille. Je suis en pleine régression... Et je suis tellement pas grand chose pour lui. Ca fait tellement mal.  

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